Le torchis est un matériau de construction à base de terre, de fibres (végétales ou animales) et d’eau. Il est utilisé depuis des siècles en tant que matériau de remplissage dans les constructions à ossature en bois.
La terre
Dans le torchis, la terre sert à lier les fibres entre elles.
La terre à torchis est une terre crue argilo-limoneuse, aussi appelée terre à bâtir. Elle résulte de l’altération superficielle des roches et est constituée naturellement d’argile et de dépôts minéraux.
Elle ne doit pas être confondue avec la terre végétale de surface qui est impropre à la construction car trop riche en matières organiques. Il s’agit de la couche se trouvant juste en dessous. Il faut en général creuser à 20 ou 30 cm d’épaisseur de la surface, sous la terre végétale, pour trouver de la terre crue.
La terre à utiliser doit, sèche, être friable à la main.
Les différentes couches du sol : la terre à torchis se situe au niveau de l’horizon minéral.
Les fibres
Véritable armature interne, les fibres assurent au mélange une meilleure tenue mécanique.
Le rôle des fibres ne s’arrête pas là puisqu’elles permettent aussi de répartir les tensions internes au moment du séchage puis après celui-ci. Elles limitent ainsi le retrait et donc la fissuration de la terre argileuse lors du séchage.
Les fibres augmentent également la capacité d’isolation thermique et phonique du matériau.
Les propriétés recherchées des fibres sont donc souplesse et résistance à la traction
Les fibres utilisées sont d’origine naturelles : fibres végétales le plus souvent (paille ou foin) voire animales (crin de chevaux). Toutes sortes de fibres végétales souples conviennent, cependant les plus utilisées et adaptées sont la paille de seigle, de blé, d’escourgeon ou d’orge récoltées par temps sec. Le foin est également utilisé. La paille de blé, plus cassante, reste toutefois la plus employée de nos jours car la plus disponible.
Paille de blé utilisée pour faire du torchis.
L’eau
L’eau utilisée pour la préparation du torchis doit être exempte de tout polluant organique.
La préparation des constituants
La terre utilisée doit être la plus pure possible. Il faut notamment éviter qu’elle soit mélangée avec de la terre arable. Appauvrissez la terre de tout débris végétal et tout cailloux.
Afin de pouvoir la travailler facilement, humidifiez-la quelques jours à l’avance. Ainsi imbibée d’eau, la terre ne formera plus de boules compactes et permettra d’ obtenir un mélange homogène avec les fibres.
Avant d’être mélangé à la terre, les fibres doivent être débarrassées de leurs impuretés. Elles doivent être exemptes de traces noires et/ou de signes de pourrissement. La paille doit être bien cardée et coupée en tronçons de 20 à 30 centimètres, au risque de créer des nids avec des fibres trop longues.
Le dosage du torchis
Traditionnellement, le dosage du torchis est 1 volume de terre pour 1 volume de paille.
Il faut savoir que plus on met de paille dans le torchis, plus on augmente son pouvoir isolant. A l’inverse, plus on met de terre, plus on augmente son inertie thermique (i.e. sa capacité à stocker de la chaleur et à la restituer).
Il est possible d’adapter le dosage à l’orientation du mur de la maison en torchis. Ainsi, on peut mettre plus de paille pour un mur extérieur exposé au nord et plus de terre pour un mur exposé au sud. Toutefois, il ne faut pas que le volume de paille soit inférieur au volume de terre.
Quant à l’eau, son volume est fixé à l’appréciation de l’utilisateur. L’eau est ajoutée jusqu’à obtenir une pâte qui puisse s’appliquer facilement sans pour autant glisser du support. De plus, un mélange trop mouillé fait davantage de retrait lors du séchage et se fissure.
Le mélange du torchis
Traditionnellement, le mélange de la terre et des fibres se faisait par foulage humain ou animal : la terre humide est placée au sol, puis les fibres sont répandues en surface et incorporées par foulage.
De nos jours, pour produire rapidement des grandes quantités de torchis, il est possible de le mélanger mécaniquement à l’aide d’engins de creusage (écrasement avec tracteur équipé d’un chargeur, minipelle, tractopelle, pelleteuse), de godet malaxeur montés sur un engin, ou de malaxeurs adaptés (à axe vertical muni de plusieurs pales).
A noter que le mélange à la bétonnière n’est pas adapté, car pas suffisamment énergique.
Pour les petites quantités, par exemple pour des réparations, il est possible d’effectuer le mélange à la main, dans une auge, une brouette ou un bac à gâcher.
Le mélange doit être malaxé suffisamment et la quantité d’eau convenablement réglée de manière à avoir au final un produit homogène, dont la consistance se situe entre le plastique et le visqueux. L’évaluation se fait à l’œil et au toucher.
Le torchis est appliqué sur une structure support en bois, également appelée structure d’accroche ou lattis. Elle est liée à l’ossature bois et constitue le support d’application du torchis.
Mise en place du mélange de terre argileuse et de paille sur le lattis.
Les techniques de pose sont nombreuses. Citons par exemple:
- La pose à cheval du mélange par-dessus le support en faisant un boudin de torchis recouvrant le rang précédent;
- La pose projetée par des moyens manuels ou mécaniques;
- La pose plaquée comme un enduit;
- Le tressage du torchis avec une corde de fibres autour des barres du support (torchis façonné en mèche);
- L’enroulement du torchis autour d’un barreau (torchis façonné en boule);
Pour plus d’informations, consultez notre article dédié à l’application du torchis.
Quelle est la durée d’utilisation du torchis ? Tant que le mélange est plastique, homogène et les fibres non pourries, le torchis peut être mis en œuvre sur son support de fixation.
Une fois posé, le torchis frais est aplani et régularisé à la main.
Selon l’exposition du mur, le torchis peut rester brut ou recevoir un enduit de finition à la chaux ou à la terre.
Dans le cas d’une finition enduite, il est nécessaire de préparer la surface du torchis tant qu’il est encore frais. Pour cela, on peut procéder par piquetage avec une pointe de bois tête en bas, par griffage au peigne en bois, à la fourche ou à la taloche à clous.
Le torchis met dans tous les cas de longues semaines à sécher (4 à 8 semaines).
La forte quantité d’eau présente dans le torchis impose de prendre des précautions pour sa pose.
En effet, il ne doit pas sécher trop rapidement car il s’effrite, ni trop lentement car ses fibres moisissent.
Aussi, le gel, qui provoque le gonflement de l’eau interne, détruit le torchis humide.
Ainsi, la meilleure saison pour faire un mur en torchis est le printemps, avant les fortes chaleurs.
A défaut, le torchis eut également être réalisé au début de l’automne.
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